Progression en escalade

 

Quelques conseils de progression

 

Le mousquetonnage

Le relais

 

Descente en rappel

 

Quelques conseils de progression

Les secrets de la progression en escalade : du 5 au 6

Pour réussir cette voie trop lisse, trop longue, trop raide, voilà le jeu, le défi de l’escalade, l’apprentissage est long et complexe. Puissance, lecture, technique, tactique, continuité, audace, précision, souplesse, équilibre, etc., sont autant de paramètres à combiner.

Le premier vrai palier consiste à s’installer solidement dans le sixième degré. Jusqu’ici, une technique rudimentaire et une bonne dépense d’énergie suffisaient à se tirer d’affaire, les prises étant représentées en nombre permettaient de ne pas trop avoir à calculer son itinéraire. Au-dessus du 5b, il vaut déjà mieux se concentrer car les reliefs se font rares. 

Le 6 marque l’entrée dans le domaine où l’on ne peut plus passer n’importe comment. Les prises s’espacent et il faut bien calculer son coup pour avoir une chance d’atteindre le haut. 

 

La technique

Concentrez-vous sur vos appuis. Essayez de ressentir les transferts de poids d’un pied sur l’autre, la façon de placer votre corps en fonction de la qualité et du sens des prises de pieds. Laissez le plus de poids possible pour les pieds et délestez les mains. 

Prenez confiance dans l’adhérence des chaussons. Et surtout, n’oubliez pas ceci : plus vous appuyez, plus ça tient. 

Cultivez la précision de la pose du pied. Il faut arriver dessus au millimètre près et surtout ne pas le bouger pendant la poussée. Lorsque vous arrivez sur une prise difficile à tenir, assurez-vous qu’il n’y ait pas une petite ruse qui traîne. Un pouce sur le côté par exemple ou une possibilité de rentrer un doigt de plus peuvent faire toute la différence entre le « ça tient » et le « je lâche ». 

 

Le physique

Il vaut même mieux commencer sans trop forcer quitte à devoir développer sa pose de pieds plutôt que de profiter d’une puissance acquise dans un autre sport ou grâce à la muscu. Les progrès sont peut-être moins évidents au début, mais vous construisez des bases essentielles pour la suite.

Inutile donc à ce niveau de travailler la condition physique à outrance, la pratique de l’escalade est la meilleure préparation possible, développant simultanément force et sensations.

 

La tactique

Passer du 5 au 6 réclame avant tout une approche plus « intellectuelle » de l’escalade. Il faut commencer à comprendre comment vous tenez sur le rocher. Essayez d’imaginer la direction des appuis que vous utilisez avec les mains et déduisez le sens des poussées des pieds à effectuer pour rester en équilibre. Par exemple, pour une prise verticale sur laquelle vous tirez vers la droite, une poussée vers la gauche va être nécessaire. 

Cette gymnastique cérébrale   va vous amener vers une clé du sixième degré : l’anticipation. En effet, le niveau augmentant, la marge d’improvisation se rétrécit. Il faut donc partir dans les bonnes méthodes pour avoir une chance de s’en sortir. Profitez des points de repos dans les voies pour imaginer (ou vous souvenir) de ce qu’il va falloir faire au-dessus.

Cet exercice vous aide à comprendre votre escalade et donc à terme, de vous servir de cette analyse pour trouver les bonnes méthodes du premier coup. Il vous amène également à adopter un rythme. Vous profitez des points de repos pour visualiser et délayer pour ensuite pouvoir accélérer dans les sections dures grâce à votre anticipation.

 

Le rythme

Le plus important est de grimper régulièrement.  Chaque séance doit comporter au moins une voie à votre niveau maxi, voire légèrement au-dessus. C’est d’ailleurs le seul moment où vous avez droit à la moulinette. Pour un niveau maxi de 5c, une bonne session serait de commencer par un 4c/5a comme échauffement, puis de 2 à 4 voies en 5, puis un ou deux 5+/6a pour être sûr de vous sortir les yeux de la tête. Prenez le temps entre les voies, vous êtes là pour vous faire plaisir avant tout et c’est le meilleur moyen d’aborder chaque voie frais et dispo. 

Changez régulièrement de site ou de voie pour engranger de l’expérience. Le but est d’acquérir un niveau, c'est-à-dire être capable de tous les faire (même si ce n’est pas du premier coup). 

Une fois le rêve du 6a devenu réalité, si tout se passe bien, vous n’avez plus qu’une idée en tête, passer à l’échelon supérieur. Certes les prises sont plus petites, plus éloignées, les murs plus longs, plus soutenus, mais vous avez déjà passé plusieurs caps pour maîtriser le 6. Tous les préceptes précédents restent d’actualité, mais il va falloir les pousser plus loin. Il faut se concentrer encore plus sur les placements de pieds, les positions de corps, son équilibre. Pour tout dire, si vous maîtrisez parfaitement tous les points déjà cités dans « du 5 au 6 », vous êtes déjà aux portes du septième degré.

 

Le mental : maître mot du 6

Au-delà des points précédents, un paramètre s’avère décisif pour passer ce palier : la maîtrise de la peur. En effet, toute la technique et la puissance du monde ne suffiront pas s’ils sont jugulés par la peur. 

Rationalisez les risques : vérifier que vous ne risquez pas le contact avec une marche, un arbre ou le sol avant de vous engager. Une fois ces précautions prises, vous savez qu’objectivement vous ne risquez rien. Ça ne fait pas tout, mais ça aide. 

L’assureur est un élément déterminant pour surmonter son appréhension. En vous sentant soutenu et surveillé, vous oubliez la peur. 

Quelques chutes volontaires dans un endroit adapté (minimum vertical et équipé solidement) peuvent aider, au moins à se rendre compte qu’effectivement on ne risque pas grand-chose. Commencez juste au-dessus du point puis augmentez la distance peu à peu.

 

Le mousquetonnage

Quand on grimpe en tête, on relie sa corde au point d'amarrage grâce à une dégaine pour limiter l'ampleur d'une chute éventuelle. Si l'on dispose d’une position confortable pour réaliser cette manœuvre dans les voies faciles, c'est moins souvent le cas dans les voies plus difficiles. Une bonne raison pour choisir et s'entraîner à maîtriser une technique de mousquetonnage.

Il existe de multiples manières de manipuler la corde : avec le pouce, le reste de la main immobilisant le mousqueton ; la corde entre l'index et le majeur ; avec le pouce, index et majeur immobilisant le haut du mousqueton ; avec le pouce et l'index, le majeur immobilisant le mousqueton

 

On place le mousqueton droit sur l'amarrage et on place  le côté du mousqueton sans le doigt d'ouverture du côté où le cheminement de la voie nous conduit.

On place le brin qui va au baudrier vers l'extérieur.

On place le brin venant du baudrier.

 

 

 

Le relais

Le relais en escalade est l’endroit où le grimpeur s’arrête soit pour redescendre quand c’est une voie d’une longueur soit pour faire monter son coéquipier. Le relais doit être inarrachable dans toutes les directions car la cordée à un moment donné n’est attachée à la paroi que par celui ci. Il faut donc que le relais soit constitué d’au moins 2 points d’ancrage reliés entre eux pour palier la défaillance d’un point d’ancrage. Le relais sert soit pour installer une moulinette,  soit pour le rappel, soit pour permettre à la cordée de faire plusieurs longueurs. Les relais doivent être constitués de 2 points « bétons ».

Les relais chaînés

On trouve les relais chaînés  sur site d’une longueur pour installer une moulinette et sur les voies de plusieurs longueurs pour pouvoir descendre en rappel. Ils sont composés de deux points « bétons » reliés entre eux par une chaîne.

On met un mousqueton large à vis sur le gros maillon rapide du bas. Ce mousqueton primaire pourra accepter plusieurs mousquetons. On se vache avec un mousqueton à vis soit avec sa longe soit avec sa corde avec un cabestan. 2 possibilités :

- Soit on met une dégaine de renvoi sur le maillon pour assurer comme en moulinette avec le frein sur le baudrier (simple et connu par tous les grimpeurs de voie d’une longueur), mais ce n’est pas auto-bloquant, c’est fatiguant d’avaler le mou et pas pratique si l’on est très prés du relais.

Soit on fixe sur le mousqueton primaire le système d’assurage (plaquette, Reverso ou similaire ) avec un mousqueton à vis pour mettre la corde du second. C’est auto-bloquant, et 2 seconds peuvent être assurés, et c’est beaucoup plus reposant. On peut mettre la plaquette sur une sangle de dégaine pour pouvoir faire un mini balancier pour la débloquer.

Quand le second arrive il peut se vacher sur le mousqueton primaire. Que la cordée soit en réversible ou en leader fixe ne change rien à l’organisation du relais. Quand le premier repart un point de renvoi sur le point haut du relais peut être installé pour éviter une chute de facteur 2 (ceux ci est valable uniquement sur des points « bétons »).

Il est conseillé de ne rien installer sur les maillons de la chaîne, leur résistance est aléatoire car ni testée et ni normalisée. Si la chaine qui relie les 2 points ne semble pas assez solide (trop fine, rouillée) on applique les méthodes du relais non chaîné.

Les relais non chaînés

Ils peuvent être composés de 2 points « bétons » avec un maillon rapide ou un anneau métallique sur chaque point pour faire coulisser la corde dans les 2 maillons., ou composés de 2 points « bétons » seuls

Sur ces relais la probabilité qu’un point cède est très faible, on peut donc les relier sans se soucier de la répartition des forces sur les points.

On relie les 2 points avec une sangle ou un anneau de corde. On peut économiser un mousqueton en passant la sangle directement dans une broche. Il faut la régler pour qu’elle soit tendue entre les 2 points (résistance faible aux chocs). On installe le mousqueton large à l’aide d’un sanhneux.

Si un des deux points d’ancrage n’est pas « béton », on utilise les méthodes du relais en terrain d’aventure.

 

Relais en terrain d’aventure

On considère que dés que l’un des points d’ancrage du relais n’est pas « béton » on est en terrain d’aventure. Cela veut dire que l’on n’est pas capable de vérifier la solidité du point mais de seulement l’estimer, ce qui a pour conséquence que l’on doit répartir les forces sur tous les points du relais pour diminuer l’impact d’un choc sur chacun des points. Attention à l’angle que fait la sangle sur le relais, plus l’angle est aiguë plus la force sera faible sur chacun des points, plus l’angle est grand plus la force sur les points est forte. On ne dépasse pas 60°.

 

Descente en rappel

La descente en rappel est la façon la plus courante et peut-être la plus plaisante pour descendre par ses propres moyens une paroi quelconque. Elle se pratique le long d'une corde double (le milieu de la corde se situe au niveau du point d'ancrage) avec un système de freinage. Pour descendre, la bonne façon de procéder est de s'asseoir dans son baudrier, les jambes fléchies, les pieds contre la paroi et légèrement écartés. Une main tient l'auto-bloquant et l'autre main accompagne la corde dans le système de freinage. La descente s'effectue sans sauts et sans à coups. Arrivé en bas, le grimpeur peut rappeler la corde en tirant sur un brin.

Le principe de l'auto-assurance permet de garantir la sécurité. En effet, il suffirait de lâcher, pour une raison ou pour une autre, la corde pour que la descente devienne incontrôlable. Il en résulterait au mieux des blessures aux mains, au pire un accident fatal. S'auto-assurer est simple : une cordelette est reliée à la corde principale par un nœud auto-bloquant de type nœud de Prusik ou nœud de Machard, au-dessous ou au-dessus du système de frein, et au baudrier. Le nœud desserré glisse facilement le long de la corde ; en cas de chute le nœud se serre et freine la descente.

Mise en place de la corde

La corde est passée dans un mousqueton de sécurité ou dans l'anneau du relais (ou tout autre dispositif disposant d'au moins 2 points d'ancrages reliés entre eux) et dans le système de freinage assurant le contrôle de la descente (huit, plaquette, gri-gri, Reverso, bug) attaché au baudrier par un mousqueton à vis (pour la sécurité). La longueur de corde utile est réduite de moitié. Généralement les deux brins de la corde sont utilisés pour la descente. Le milieu de la corde se retrouve logiquement au niveau de l'anneau de relais (corde équilibrée). Lorsque ce n'est pas le cas, l'autre brin possède un nœud pour empêcher la corde de partir du point d'ancrage; la corde peut être ainsi rappelée après la descente en tirant sur le bon brin. Il est conseillé de nouer les deux extrémités de la corde.(noeud en huit double) au cas où la corde est trop courte, le noeud va se bloquer contre le descendeur et l'autobloquant, évitant la chute.

 

Mise en place du descendeur et du système d'auto-assurage:

Il faut ensuite installer sur la corde le système de freinage et le système d'assurage reliés au cuissard permettant à l'utilisateur de descendre en toute sécurité.

Le Prusik (ou Machard) se fait à partir d'une cordelette dont les deux extrémité sont reliées par un noeud de "double pêcheur". On prend l'anneau de cordelette et on place le noeud de double pêcheur contre la corde (deux brins). On réalise alors vers le haut un nombre de tours suffisant (quatre au minimum) autour des deux brins de la corde, puis on passe la boucle inférieure de la cordelette (celle du noeud de pêcheur) dans la boucle supérieure. On peut tester l'efficacité du noeud de machard: en tirant sur la boucle inférieure (la cordelette ne doit pas coulisser vers le bas) On relie alors par un mousqueton à vis verrouillé la cordelette au pontet du cuissard.

Il faut ensuite installer les deux brins de la corde dans le descendeur (huit, Reverso...) et attacher celui-ci sur le pontet avec un mousqueton à vis. Attention à ne pas perdre le descendeur au moment de sa mise en place sur la corde.

 

Descente en auto-assurance

Il faut à présent descendre régulièrement et en contrôlant la vitesse le long de la corde de rappel en étant capable de bloquer et débloquer le noeud d'auto assurance. Pour cela on met une main sur le noeud auto bloquant (machard) et on l'amène au contact du descendeur (l'autre main bloque la corde en aval du descendeur). On entame la descente en laissant filer doucement et régulièrement la corde au travers du descendeur (la main supérieure maintient le noeud auto bloquant à proximité du descendeur pour éviter un blocage involontaire). La descente est régulière et contrôlée, puisqu'une main accompagne le noeud auto bloquant et l'autre contrôle la vitesse en aval du descendeur. Pour se bloquer, il suffit de lâcher le noeud et continuer la descente. La cordelette se tend et bloque le grimpeur. Pour débloquer le noeud, il faut essayer de l'amener vers le bas avec une main en conservant la deuxième main en position de blocage en aval du descendeur.

Si le noeud est trop serré et ne peut être débloqué, il faut réaliser la manoeuvre suivante: avec les mains, on prend la corde pour réaliser deux ou trois tours autour du pied (en commençant par l'intérieur: meilleure position anatomique). On vient alors bloquer la corde en plaçant l'autre pied dessus et pousser sur les jambes (s'équilibrer avec les mains sur la corde); la cordelette se détend légèrement. On desserrer le noeud auto bloquant en agissant sur la boucle et on le fait coulisser vers le descendeur. On place une main sous le descendeur pour bloquer la corde et on se met en tension sur le descendeur. Il suffit alors d'enlever les tours de corde autour du pied (en s'aidant de la main libre), et on reprend la descente en plaçant la main libre sur le noeud auto bloquant.